Nous étions une vingtaine de Compagnons et amis sympathisants de l’association, réunis à diner au restaurant de Christophe Albouy, dans le quartier d’Alvalade, et surtout pour assister à la conférence débat présentée par Monsieur Laurent Laniel, sociologue au CV impressionnant, actuellement analyste à l’Observatoire Européen de la Drogue, à Lisbonne.

Pendant plus de deux heures  il nous aura expliqué tous les rouages complexes du monde de la drogue au niveau global, depuis la culture, la transformation, le transport jusqu’à la vente des divers produits stupéfiants issus de la culture du cannabis et du pavot.

Ce trafic illicite mouvemente bien évidemment des sommes colossales et les enjeux sont énormes. Du coup les moyens mis en œuvre tout au long de cette chaine n’ont rien à envier aux plus grandes sociétés multinationales dans des secteurs tels que l’agriculture, le marketing ou la distribution. Ainsi par exemple les manipulations génétiques réalisées sur le cannabis ont permis au fil des années d’augmenter considérablement le taux de THC des plants, et donc d’obtenir une drogue bien plus pure.

Même ordre d’idées au niveau marketing, avec identification de clientèles ciblées, techniques de vente et politiques de prix sophistiquées, sans oublier bien sûr le recours à une violence extrême et une très forte corruption.

Les moyens de transport vers les principaux pays consommateurs, essentiellement USA et Europe, sont eux aussi de plus en plus élaborés et complexes.

Bref, un éternel jeu du chat et du rat avec les forces de l’ordre, dans un combat souvent inégal.

Le débat a ensuite suscité de nombreux échanges concernant la distinction qui est faite par certains entre drogues dures et douces, ainsi que la dépénalisation des drogues dites douces.

En 2023 l’héroïne restait quand même l’opioïde illicite le plus consommé en Europe, et celui qui provoquait le plus de dommages sanitaires. Par contre les diverses études menées laissent penser qu’à l’avenir l’héroïne ne jouerait plus le même rôle central que par le passé.

Laurent Laniel aborda ensuite la plus ou moins récente apparition des drogues synthétiques, qui viennent profondément changer la donne. L’Asie et notamment la Chine en sont les pays producteurs les plus importants, mais également plusieurs pays européens.

Dans leur ensemble ces drogues sont plus faciles et bien moins chères à fabriquer, leur fabrication étant locale donc moins de problèmes logistiques d’importation. Elles provoquent une dépendance beaucoup plus rapide, souvent irréversible et parfois fatale, ceci d’autant plus que les composants chimiques utilisés soient de qualité médiocre.

L’exemple actuel le plus dramatique est bien le fentanyl, qui provoque de vrais ravages, notamment aux USA.

Les échanges se poursuivirent dans une ambiance bon enfant jusqu’à 23H30, et sans qu’il n’y ait eu une quelconque distribution d’échantillons gratuits !

Je tiens particulièrement à remercier très sincèrement Laurent pour sa disponibilité, sa sympathie et sa très grande compétence et professionnalisme dans un domaine qui peut nous toucher à tous, n’importe quand, direct ou indirectement, et quel que soit notre milieu culturel, économique ou social.